Quand l’Etat sombre dans l’alcoolisme
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Le ministre du Commerce a décidé de geler l’augmentation du prix de la bière, alors que certaines associations de consommateurs menacent de descendre dans la rue. Décidément, en ce qui concerne la bière, le juste prix n’est pas de rigueur.

Comme en début de chaque année, les consommateurs découvrent de nouvelles mesures, souvent contenues dans la loi de finance en matière de fiscalité. En cette année 2015 encore, une levée de boucliers est née du fait d’une hausse supposée du prix des boissons alcoolisées, et essentiellement celui de la bière, devenue de plus en plus, le sport national des Camerounais, en tout temps et en tout lieu. Face à toutes ces velléités spéculatives, le ministre du Commerce Luc Magloire Mbarga Atangana est sorti de ses gonds. En effet, dans un communiqué rendu public le 31 décembre 2014, il a clairement indiqué que les prix des bières et boissons alcoolisées ne sauraient connaitre une augmentation «jusqu’à nouvel avis».

Par la même occasion, le Mincommerce mettait en garde les commerçants «contre toute tentative de dissimulation ou de constitution de stocks spéculatifs à des fins de renchérissement des prix». Dès lors, l’on peut se poser la question de savoir comment les pouvoirs publics peuvent s’ériger avec tant de rigueur, contre l’augmentation du prix des boissons alcoolisées. Bien plus, l’on continue à vendre les whiskies en sachet comme des bonbons, pendant que la réglementation en vigueur sur la distance entre les débits de boissons reste désespérément et impunément bafouée.

Au même moment, de nombreux produits de première nécessité connaissent une hausse effrénée de leurs prix, sans que cela n’émeuve personne, ni même les soidisant associations de défense de consommateurs. On peut évoquer le cas de la bouteille de gaz domestique, du pain dont le poids s’effrite au jour le jour, sans oublier le supplice que subissent les ménagères face aux balances truquées, portant ainsi un grave coup sur le poids de leurs paniers.

Lorsqu’on s’aperçoit des effets néfastes que l’alcoolisme fait porter sur la santé des populations et par ricochet, sur la rentabilité des travailleurs, il est incompréhensible de constater que les pouvoirs publics sont incapables d’appliquer toute la réglementation en vigueur sur la vente des alcools. La publicité peut se faire partout et n’importe comment, et les débits de boissons peuvent s’installer aussi bien à côté des écoles, hôpitaux et lieux de culte.

Le cocktail hideux dans cette avalanche meurtrière, pour les esprits malveillants, c’est de penser que la bière est un « élément fédérateur » pour les Camerounais, par conséquent, ne saurait voir son prix augmenter. L’argument est cyniquement soutenu par Delor Magellan Kamgaing, le président de la Ligue camerounaise des consommateurs (Lcc) et non moins membre du conseil d’administration de l’Anor. Ce dernier soutient même « le rôle important que joue l’alcool pour le maintien de la paix au Cameroun», avec son fameux slogan "Touche pas à ma bière". La règle serait alors, le « Cameroun doit boire ». Et de plus en plus, l’ivresse publique est la chose la mieux partagée dans les rues de nos villes.

© Essingan : Fabiola Mendome

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