Afrique,Alerte santé : de l’épidémie d’Ebola à l’épidémie d’Ebolo !
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Afrique,Alerte santé : de l’épidémie d’Ebola à l’épidémie d’Ebolo ! :: AFRICA

C’est quoi Ebolo, me demanderez-vous ? Eh bien, la réponse est simple. C’est le mari de l’autre. Vous avez dit parité, équilibre de genre, n’est ce pas ? Alors, le voilà ! Ebolo est la version masculine, virile d’Ebola et en même temps, il est son unique mari légitime et fidèle. Ebolo et Ebola sont un couple de virus uni pour le mal et pour le pire, il n’y a pas de meilleur chez eux. Et puis, ils ont une fille qu’ils ont nommée la charmante Misère. Elle est laide comme la mort et pourtant elle embrasse toutes les victimes de ses parents.

Ebolo et Ebola fonctionnent exactement de la même manière et ont une force de frappe plus ou moins égale. Certains analystes soutiennent, néanmoins, qu’Ebolo est plus sévère qu’Ebola. La raison, expliquent-ils, est très simple : Ebolo est élitiste au premier degré. Il s’intéresse d’abord à la classe dirigeante. Ce n’est que quand cette classe est bien rongée que les conséquences de sa putréfaction crée des victimes collatérales dans la classe moyenne et le reste de la population. En général, en ce qui est du sort à infliger à la plèbe, au commun des mortels, Ebolo confie la sale besogne à sa fille bien aimée, la Misère. Il y a comme une sorte de sous-traitance familiale, un peu comme dans les marchés publics n’est-ce pas ? Bien sûr, parce que parfois, là où Ebolo est passé, Ebola peut aussi passer, mais pas toujours, tout dépend en fait des enjeux et des intérêts de la famille.

Le grand problème avec Ebolo est que ses victimes ne se rendent pas compte de leur maladie jusqu’à ce qu’il ne soit trop tard. Ce virus touche directement le système nerveux central affectant les noyaux gris centraux dans la zone du thalamus et du striatum. Les neurones sont immédiatement infectés, ce qui occasionne au niveau du complexe synaptique un amalgame des données contradictoires qui se répandent dans toutes les aires corticales cérébrales. Ceci crée chez le patient l’illusion d’une lucidité intellectuelle qui se manifeste par un effort de justification des abus, de codification et de validation de l’arbitraire, de relativisation des dommages, etc. Chez certains patients, on note une attitude suicidaire, préférant l’annihilation totale à toute forme de compromis et de consensus.

Les chercheurs ne sont pas unanimes sur la genèse du virus. Pendant que certains affirment que le virus serait la conséquence d’une mutation génétique frappant ainsi à yeux fermés ses victimes innocentes ; d’autres soutiennent qu’Ebolo est un produit de laboratoire, une arme biologique qui vise le contrôle de la population et la jouissance égoïstement organisée des biens du sol et du sous-sol. Les tenants de cette thèse arguent que les formes les plus perverses d’Ebolo proviennent d’un mélange mal dosé d’appétit de pouvoir, de volonté de puissance, d’illusion d’éternité garnis d’un égocentrisme à outrance et d’un désir illimité de jouissance solitaire. Le sujet qui est atteint, affirment les chercheurs, sécrète une toxine qui produit chez les membres de son entourage des réactions névralgiques qui vont de la naïveté insolente, malgré l’emballage des titres académiques, à la divinisation du patient en passant par le béni-oui-ouisme et autres troubles de comportements comme la diabolisation de l’adversaire, et l’hypersensibilité à toutes critiques du système.

On a noté dans certains cas graves une agressivité vampiriste se manifestant par un désir frénétique du sang de l’adversaire. Cette agressivité naitrait d’une illusion d’optique qui sème le trouble dans l’individu qui voit le danger partout et interprète tout geste, parole ou silence comme une attaque personnelle, une provocation malsaine. Par exemple, cet article de rien du tout, lu par un individu atteint d’une forme d’Ebolo, pourrait être interprété comme une attaque

à peine voilée alors qu’en réalité un individu normal verrait que ce n’est qu’un effort de lecture du fait social puisque personne n’est directement indexé hormis ceux qui veulent l’être.

Pour le moment personne n’a encore trouvé un remède probant aux attaques d’Ebolo. Beaucoup de spécialistes le considèrent comme le cancer d’une autre magnitude. Seulement qu’à la différence du cancer, Ebolo est contagieux à plusieurs degrés et peut causer des épidémies et des pandémies. Certains chercheurs s’accordent à adopter pour un premier temps des traitements de choc comme la chimiothérapie et l’amputation, mais on a malheureusement noté dans plusieurs cas la résurgence du virus dans des membres sains qu’on a greffé à la place des membres amputés. Les exemples sont nombreux, ouvrez seulement les yeux.

La communauté internationale (la France, les Etats Unis, l’Allemagne, la Grande Bretagne, la Russie et la Chine) promet une aide d’urgence aux pays frappés par l’épidémie d’Ebolo, mais plusieurs observateurs craignent que cette aide voile des intentions cachées et ait, pour certains endroits, une inclination minéralophile. Des voix se sont levées chez les stratèges et les spécialistes de la géopolitique pour accuser les grandes puissances d’être à la fois des pyromanes et des sapeurs pompiers. A l’heure qu’il est, il est difficile de dire avec exactitude où se cache la vérité, l’histoire le dira certainement.

Le Vatican, pour sa part, demande d’intensifier la prière pour les victimes et invite les personnes de bonne volonté à travailler ensemble dans la recherche d’une solution globale et durable. Selon le porte parole du Saint Siège, le pape François qui suit avec une attention particulière le déroulement de l’épidémie, accorde sa bénédiction apostolique à tous les acteurs engagés sur le terrain et réaffirme la sollicitude maternelle de l’Eglise face à tout ce qui touche la communauté humaine. Dans l’esprit de Gaudium et Spes du Concile Vatican II, le Saint Père exhorte les pasteurs des Eglises locales, à entourer de leurs soins toutes les victimes et à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour accompagner les différents acteurs dans la recherche de solutions qui respectent la dignité de toute la personne et de toutes les personnes.

L’hypothèse d’un vaccin, pour plusieurs observateurs, semble la meilleure solution contre l’épidémie d’Ebolo. Ce vaccin, en théorie, consisterait surtout en la consolidation des institutions, le consensus au niveau des règles du jeu et le fairplay dans la résolution des différends. Malgré la clarté et la simplicité des données du vaccin, les chercheurs sont butés à deux grandes difficultés : l’instabilité du virus et la multiplicité de ses formes. Un éminent chercheur affirmait récemment sur les ondes d’une radio internationale que le virus est absolument imprédictible. Parfois, poursuivait-il, on semble le maîtriser en mettant sur pied des textes et des mécanismes consensuels, mais contre toute attente, à l’heure où l’on s’attend le moins, le virus se manifeste sous une forme sournoise, drôle et périlleuse. De plus, concluait-il, le virus se présente de forme différente d’une localité à l’autre, d’une structure à l’autre. Il faudrait, pour cette raison, des vaccins pour chaque cas ; et même si on réussissait cet exploit, le vaccin serait inutile puisque une fois fabriqué pour un cas identifié, le virus ne se manifestera pas de la même manière à la prochaine résurgence.

Un petit groupe de chercheurs propose, néanmoins, une solution innovante ; ils parlent de solution proactive. Pour ces derniers, la solution viendrait, d’une part, des familles et, d’autre part, de la création des ilots d’intégrité par des personnes non encore atteintes d’Ebolo. Le rôle de la famille, affirment-ils, est capital ; selon eux, c’est dans la famille que se développent les schèmes de valeurs de l’individu. L’éducation familiale devrait, avec le lait maternel et la figure paternelle, consolider le système immunitaire de l’enfant en y inculquant dès le bas âge, la

notion d’intangible, la valeur de ce qui compte, même si on ne peut pas compter. Les ingrédients de ce sirop familial seraient : le sens de l’honneur, le respect de la parole donnée, la vérité, la loyauté, la générosité, la justice et l’Amour. Cette éducation familiale devrait, insistent ces chercheurs, se poursuivre à l’école où les parents s’assureront que les enseignements donnés à leurs enfants respectent les valeurs déjà présentes dans la famille et y ajoutent les éléments comme l’acceptation de l’autre, le vivre ensemble, la tolérance, l’initiation au dialogue vrai et sincère, et le sens civique.

Pendant que ce travail est en train d’être fait au niveau de la pépinière de l’humanité que sont la famille et l’école, un autre travail sera fait au niveau des adultes réunis en petits ilots d’intégrité. Le concept d’ilot d’intégrité n’est pas nouveau ; il s’agit, bien entendu, des personnes pas encore atteintes du virus d’Ebolo sous une forme ou sous une autre. Ces personnes, hommes et femmes réunis en petits groupes devront naturellement accepter de ramer à contrecourant. Ils devraient accepter parfois de perdre les avantages éphémères pour servir d’exemple à la jeunesse et limiter la propagation de l’épidémie.

Ce seront, précise un expert, des personnes qui acceptent de mener une vie sobre, digne et vraie. Eh oui, c’est de cela qu’il s’agit ; un chercheur a publié récemment les conclusions d’une recherche sur une trentaine de hautes personnalités atteintes de différentes formes d’Ebolo. Ce dernier a remarqué chez ces sujets, l’existence de facteurs favorisants l’attaque du virus. Dans une liste qu’il affirme lui-même ne pas être exhaustive, il inclut en premier lieu la folie de grandeur, la priorité de l’avoir sur l’être, l’attachement au tangible, la méconnaissance de l’intangible, l’absence de la réflexion et de l’autoévaluation, une spiritualité floue et parfois exotérique, etc.

Ebolo existe et fait des ravages, il frappe même dans les endroits où on s’attendrait le moins. La prise de conscience de son existence devrait être un premier pas vers la recherche de solutions individuelles et communautaires. Ebolo n’est pas une fatalité, et nous pouvons dire avec certitude que si nous prenons les moyens adéquats, dans les limites de nos compétences, appliquant les synergies nécessaires, l’humanité chantera dans un futur assez proche une symphonie de victoire sur Ebolo. A chacun de bien préparer sa partition et que la musique commence !

© Correspondance : Jean de Dieu TAGNE, sch.p. Prêtre tagnejeandedieu@yahoo.fr Engagé dans la sensibilisation contre Ebolo , Kinshasa, 21/01/15

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