Sérail : Paul Biya perd un soutien
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Les militants de première heure, les vrais, de Paul Biya disparaissent, les uns après les autres. Ceux qui restent encore en vie, ne constituent plus qu’une poignée.

Dans le grand Ouest, après la disparition de Françoise Foning, il ne reste plus que Paul Atanga Nji et Madeleine Tchuinté. La maire de Douala 5e a rendu l’âme le 23 janvier, à l’hôpital central de Yaoundé où elle était sous soins intensifs. Depuis vendredi, la nouvelle fait des gorges chaudes dans tous les ménages de la République. Un des fidèles soldats et grosses légumes du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) s’en est allé. Françoise Foning a succombé à ses blessures à l’hôpital central de Yaoundé. Une perte énorme pour le parti au pouvoir, lorsqu’on sait que c’est aussi grâce à cette dynamique dame, que l’opposition a progressive perdu son emprise sur la région du Littoral. Surtout que, dans ce combat titanesque de préservation de la paix dans une République aux mille visages, la pasionaria de la scène politique nationale n’a jamais été de tout repos face aux partis d’opposition, dont le seul but a toujours été, non seulement de débarquer le chef de l’État par tous les moyens, mais aussi, de mettre le pays à feu et à sang.

Combat. Durant sa vie, la maire de Douala 5e aura donné du fil à retordre à Ni John Fru Ndi et compagnie sur les berges du Wouri. Comme une bougie qui éclaire, elle a fait du Rdpc, la seule lanterne politique crédible auprès de la jeunesse dans la région du Littoral. Plus de 5 000 motos taxis et 1 000 taxis sous son contrôle, pour combattre définitivement les multiples mouvements de grève envisagés par les transporteurs et mettre en déroute le plan machiavélique de certains leaders d’opposition qui ne demandaient qu’à brûler et casser. Qui l’eut cru ? N’en parlons pas de nombreuses entreprises qui furent créées dans le but de résorber le chômage des jeunes, le financement des études de nombreux jeunes pour la plupart universitaires, non sans citer l’assistance médicale accordée à des familles pauvres.

Contrairement à ses pourfendeurs politiques, Françoise Foning, n’a jamais lâché Paul Biya. Dans les messages qu’elle adressait aux militants, le nom du président de la République ne cessait d’être scandé. Et à plusieurs cérémonies que cela soit au palais de l’Unité, ou au palais des Congrès, peu importait la présence des personnalités fussent-elles des ambassadeurs, présidents d’autres pays frères et amis, Françoise Foning ne se lassait guère de chanter et danser un «Paul Biya, Paul Biya, notre président, père de la nation, Paul Biya toujours chaud gars.» Femme d’affaires et Grand officier du mérite Camerounais, la maire de Douala 5ème a connu une activité politique très dense. C’est surtout grâce à elle que les querelles au sein du parti du flambeau lors des élections couplées législatives et municipales du 30 septembre 2013, ont été balayées à la touche. «Nous n’avons pas le droit de nous disperser et donner raison à nos ennemis politiques. Nous devons nous unir et soutenir le président Paul Biya dans ses combats. C’est le seul président qui nous reste. Aidons-le à réaliser ses projets qui lui tiennent à cœur pour un Cameroun émergent. Parce qu’il est notre père, nous devons l’aider à rester au pouvoir le plus longtemps possible», soutenait mordicus Françoise Foning devant ses camarades du parti.

Ambiance

À Bépanda américain, au lieu dit carrefour Mallah où elle a bâti sa somptueuse maison, les populations encore sous le choc sont inconsolables et n’arrivent toujours pas à comprendre, pour la plupart, les raisons pour lesquelles Dieu a tôt fait de rappeler à lui celle-là même qu’on appelait affectueusement «Dalida». Pourtant, la veille de son départ pour Yaoundé où elle devait prendre part à une réunion des maires du Cameroun, Françoise Foning avait, avons-nous appris, programmé dans les jours prochains une réunion avec les jeunes militants de son quartier sur certains projets individuels qu’elle s’apprêtait à réaliser. «Je ne sais pas ce qui nous arrive en ces moments. La maman (Mme Foning, ndlr), m’avais demandé d’attendre jusqu’à son retour. Car, j’avais sollicité son aide pour l’achat des cajots de tomates que je devais revendre en détail au petit marché de Bépanda. Maintenant, je ne sais où aller avec ce décès qui me brise le cœur», confie Sandrine Tafouet, veuve et mère de quatre enfants, visiblement encore sous le choc.

Devant le domicile de Françoise Foning, où l’eau potable coule à flot, la population ne cesse d’affluer. Le portail resté ouvert depuis l’annonce de son décès, témoigne de l’ambiance qui y règne. Des femmes, de noir vêtues pour les unes ou en tenue du parti pour les autres, se lamentent. «La mère nous a laissé à qui ? Nous sommes mortes, c’est fini pour nous… », psalmodient certaines d’entre elles en tenant la tête entre les deux mains. À la mairie de Douala 5ème, des séances de prière ont été organisées en la mémoire de l’illustre disparue.

Née en 1949 dans la Menoua, Mme Tsopgny Nguiazong, plus connue sous le nom de Françoise Foning, par ailleurs présidente de la section Rdpc dans la même commune, était internée au service de réanimation, à l’hôpital central de Yaoundé suite à un accident de la circulation survenu dimanche 18 janvier dernier, à une cinquantaine de kilomètres de Yaoundé, alors qu´elle se rendait à Bafou, dans son village natal à l’Ouest du pays. Elle a marqué le paysage politique camerounais pendant au moins 25 ans. Elle aimait chanter et danser en toutes circonstances pour son parti politique le Rdpc et surtout pour le président Paul Biya dont elle se disait être une fervente supportrice, et pour qui elle savait haranguer les foules.

Maire courage, mère du peuple. Oscar 2004 du manager africain de l’année, Françoise Foning est devenue en octobre 2005 présidente de l’Ong Femmes chefs d’entreprises mondiales. En quarante ans, la femme d’affaires et politicienne camerounaise s’est forgée une solide réputation qu’elle dit devoir à Dieu et à elle-même. Femme innovante, volontaire et surtout à l'écoute des autres, Françoise Foning a ouvert dans le milieu des années 60 un restaurant, le «new style» avant de se trouver à la tête d'une société de taxis, avec plus de 150 véhicules. Elle a ensuite ouvert une société d'extractions de graviers et créé une société d'import -export alimentaire la «Socamac», une usine de meubles «Anflo», une clinique «la polyclinique de la main». Elle a monté d'autres affaires qui concernent principalement la fabrication de médicaments, la construction de bâtiments et de routes, le tout regroupé sous le nom groupe Foning, en activité depuis plusieurs années. En effet, elle a fait preuve de professionnalisme en tant que directeur général dans divers secteurs (bois, ameublement, décoration, santé, éducation).

Fonctionnaire au ministère du Tourisme jusqu'en 1978, puis présidente fondatrice du Groupement des femmes d'affaires du Cameroun, vice-présidente des femmes chefs d'entreprises mondiales de 1996 à 2005, elle fut également consultante en finances et gestions à la Banque africaine de développement (Bad), secrétaire permanente pour l'Afrique Centrale du centre de formation de l'Agoa (African growth opportunity Act). Reine de la cour royale du groupement Bafo (Ménoua), elle a reçue la distinction honorifique à la cour royale du sultanat Bamoun (le Njih). Avant sa mort, elle occupait le poste de présidente de l'Ong femmes chefs d'Entreprises mondiales, qui regroupe des associations nationales de femmes chefs d'entreprises de la planète. Vivement, que la terre de nos ancêtres lui soit légère !

© La Météo : Edouard Ngameni

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