Didier Djoumessi, "CIM n’est pas une association camerounaise appartenant à Djoumessi et à son club d’amis"
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Didier Djoumessi, "CIM n’est pas une association camerounaise appartenant à Djoumessi et à son club d’amis" :: CAMEROON

“CIM n’est pas une association camerounaise appartenant à Djoumessi et à son club d’amis. Nous ne pouvons pas travailler pour une structure allemande avec la mentalité camerounaise”

Didier Djoumessi est un jeune camerounais, qui a accepté le défi de rentrer au Cameroun après des études en Sciences politiques en Allemagne. Aujourd’hui à la tête d’une structure qui facilite la réinsertion professionnelle des camerounais d’Allemagne, il revient  sur les incompréhensions qui  semblent jeter le doute sur ladite structure.
 
Didier Djoumessi bonjour, parlez-nous de la structure que vous dirigez au Cameroun.
Le centre  pour la migration et le développement international  (CIM) est une opération conjointe entre la Giz, (agence internationale  de la coopération allemande) et  le bureau national de l’emploi allemand. L’objectif principal de CIM est de contribuer au transfert des compétences, entre ceux qui ont étudié en Allemagne et leur pays.  Aussi,  les camerounais ayant  étudié ou travaillé en Allemagne et intéressés à ramener leurs connaissances au Cameroun, reçoivent notre soutien. Au Cameroun, le programme de migration pour le développement a trois composantes. La première, est la facilitation  du retour des camerounais ayant étudié ou travaillé en Allemagne. C’est à dire, les soutenir, les accompagner, au moment où ils décident d’apporter  les compétence acquises en Allemagne au  pays, en les aidant à trouver le travail ici. Ils bénéficient donc des subventions salariales, qui leur permettent pendant la période de leur intégration (deux à trois ans), de ne pas se plaindre des salaires, relativement  bas au Cameroun. Etant donné que nous sommes conscients du fait que  tout le monde ne peut pas trouver du travail, que   ce n’est pas tout le monde qui veut travailler pour les autres, il y a  cette autre composante qui facilite la création d’entreprises par les camerounais formés en Allemagne. Cette deuxième catégorie, bénéficie d’un accompagnement à partir  de l’Allemagne,  via   les séminaires  qui les préparent à faire un bon business plan.  Au niveau du Cameroun, Nous  les aidons à avoir des contacts avec des institutions financières, avec d’autres camerounais qui ont été formés en Allemagne et ont déjà des entreprises ici. La troisième composante, concerne les camerounais qui ne prévoient pas leur retour dans l’immédiat. Mais qui  peuvent contribuer au développement du Cameroun.
 
Sont-ils nombreux les Camerounais d’Allemagne qui désirent rentrer au bercail?
Disons que le nombre de camerounais qui partent est nettement plus élevé que le nombre de camerounais qui rentrent. Surtout, que  l’Allemagne a besoin de certaines compétences. Notamment des ingénieurs. Et, c’est sur ce domaine que la plupart des camerounais sont formés en Allemagne. Toutefois, on constate  de plus en plus, que les camerounais sont intéressés par le retour au bercail. Certains ont abandonné le travail en Allemagne pour travailler au Cameroun, où se présentent de plus en plus d’opportunités.

Quelles sont les procédures à suivre, pour obtenir  un emploi ou un financement de CIM?
Les camerounais qui veulent rentrer au Cameroun, s’inscrivent sur notre plate forme ( online), gérée par nos collègues en Allemagne. Les dossiers ou  les CV sont premièrement envoyés en Allemagne. Quand nous collectons les offres au niveau du Cameroun, nous les publions sur notre plateforme et nous les envoyons parallèlement en Allemagne dans un mailing liste constitué, de toutes les adresses des personnes   souhaitant travailler au Cameroun. Les postes sont ensuite publiés sur le site. Mais sachant que le site peut ne pas être visité dans les délais impartis, nous envoyons ces offres par mail.
Et  à ce sujet, Camer.be nous a récemment contacté, pour nous faire part  des plaintes de certains lecteurs, concernant le moment où ils reçoivent l’offre  et la date limite d’envoi des dossiers. Vous êtes au Cameroun avec moi, vous savez que  la publication des postes se fait 7 à 10 à jours, quand on consent   à les publier.
 
D’où les récriminations des certains camerounais vivant en Allemagne, qui pensent que vous vous servez de votre position pour réserver les offres d'emploi juteuses à vos amis.
Premièrement, ce n’est pas nous qui recrutons. Nous ne sommes qu’une plateforme qui vous met  en contact direct avec l’employeur. Deuxièmement, ce n’est  pas CIM, mais,  l’employeur qui choisit qui va travailler avec lui. Nous captons seulement  les offres d’emplois et facilitons les démarches. D’autre part, ceux qui ont trouvé un emploi par eux même depuis l’Allemagne, peuvent venir vers nous.  En ce moment, nous les soutenons  dans la mesure du possible. D’ailleurs la majorité des personnes que nous finançons, ont trouvé elles-mêmes leur emploi. C’est dommage que nos compatriotes pensent que ne nous pouvons pas travailler dans la transparence.  Mais, sachez que nos patrons sont regardant sur la manière dont les choses sont faites. Nous ne pouvons pas travailler pour une structure allemande avec la mentalité camerounaise.  Pour  l'entrepreneuriat, ce sont mes collègues en Allemagne qui captent les gens pour les séminaires. Moi je viens juste présenter l’état de l’Economie du Cameroun. Donc, ce n’est pas nous au Cameroun qui choisissons   qui  sera partie prenante ou pas dans un  séminaire . Pour ce qui concerne les projets, quand vous envoyez un projet, il est accepté ou rejeté selon les critères de la structure qui finance. L’institution qui finance les projets a ses critères, et c’est sur la base de ces critères que  votre projet sera accepté ou rejeté. En plus d’être bien écrit,  on voudrait voir quelle est la contribution d'un projet au développement de notre pays.

Que répondez-vous à ceux de vos compatriotes qui disent que  CIM  fonctionnerait comme un club où les personnes d’une certaine région ou une certaine idéologie sont privilégiées?
On voudrait associer CIM aux individus. Non! CIM est une institution. Et le  travail de CIM est hautement apprécié. Le challenge camerounais,  qui est  l’événement  le plus relevé des camerounais d’Allemagne, est sponsorisé chaque année par CIM.  Et pas avec des petites sommes.  Nous sommes droits dans nos bottes, si un projet est bon , nous le finançons, s’il est mauvais, nous le rejetons. Ce n’est pas une association camerounaise appartenant à Djoumessi et son club d’amis.  Vous avez affaire à une institution où règne la transparence.
 
Dites-nous de  manière globale comment fonctionne cette structure au quotidien
A CIM, les responsabilités sont diversifiées. Nous avons nos collègues au niveau du siège en Allemagne, d’autres collègues au Cameroun et dans d’autres pays.  Les initiatives sont prise  depuis l’Allemagne dans  la majorité des cas.Tandis que nous du Cameroun, sommes chargés de veiller sur le terrain pour qu’il n’y ait pas d'abus. Nous allons prendre les offres d’emploi chez les employeurs  que nous publions.  Nous aidons les associations qui ont des projets et n’ont pas de partenaires locaux, à en trouver sur place.
 
A propos de projets, quel type de projet financez-vous?
Nous finançons tout  projet pouvant contribuer au développement du Cameroun d’une manière ou d’une autre. Çà peut être un projet sur l’amélioration des conditions de travail dans les hôpitaux, un projet sur la construction des salles de classe dans une école, un projet sur la construction d’un point ou encore sur  les énergies renouvelables. Bref des projets pouvant permettre l’amélioration de conditions de vie des citoyens.  Depuis 2011,  nous avons déjà financé près de 16 projets dans plusieurs régions du Cameroun.
 
Est-ce que le financement de ces projets n’est alloué qu’aux Camerounais vivant en Allemagne?
Nous  traitons exclusivement  les projets des associations des Camerounais d’Allemagne. La seule chose que nous leur demandons, c’est de le faire avec un partenaire local. Çà peut être une ONG locale, ou une association locale. Parce que vous ne pouvez pas vivre en Allemagne et suivre un projet au Cameroun, même si vous voyagez tout le temps, vous allez nécessairement   avoir  besoin d’un partenaire local qui va vous permettre mieux de suivre votre projet. S'il y a une association camerounaise basée en Allemagne qui veut faire,   qui un point d’eau, qui une école, ou un hôpital, dans une localité quelconque au Cameroun, dans une zone rurale ou urbaine, nous contribuons à la moitié du coût total du financement de ce projet. Notre plafond pouvant aller jusqu’à 50 000 Euros. Mais, pour les projets innovateurs, les projets d’une certaine envergure, nous sommes prêts à aller un peu plus loin.
 
Parlons maintenant de  vous, de votre expérience depuis  votre retour au Cameroun.
Je suis Didier Djoumessi. J’ai fait mes études en Allemagne dans la ville de Cologne. Je suis rentré au Cameroun en février 2009. Et depuis ce temps je travaille avec CIM. A mon arrivée en Allemagne fin 98, j’ai compris que l’Allemagne est une société très avancée, où on pouvait apprendre des choses et ramener chez soi.  C'est pourquoi, après l'obtention  de mon  Doctorat en Sciences politiques, j’ai décidé de rentrer chez moi. Je ne voyais plus la nécessité pour moi de rester en Allemagne, alors que je pouvais contribuer au développement de mon pays. Et surtout que je rentre pour travailler dans un projet comme celui-ci, qui peut faciliter le retour de plusieurs autres  camerounais, désireux de travailler dans les entreprises ou dans les organisations .  Faciliter la tâche  à ceux qui veulent créer leur entreprise au Cameroun en les accompagnant de l’Allemagne au Cameroun, avant et  après la mise sur pied de leur idée. Et enfin,permettre aux  associations de la diaspora, de contribuer au développement du Cameroun, à travers les projets dans les localités de leur choix.

© Camer.be : Flore Honga

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