AXE ROUTIER YAOUNDÉ-BAFOUSSAM : Des nids d’éléphants au centre des hécatombes
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L’axe qui relie la capitale politique Yaoundé à la capitale régionale de l’Ouest est envahi par des nids d’éléphants, transformant le trajet en un parcours du combattant. Les morts ne se comptent plus.

La lutte contre les accidents de la circulation qu’on enregistre sur nos routes est loin d’être gagnée. Les campagnes de sensibilisation et de répression organisées par le ministère des Transports et la gendarmerie nationale ont de la peine à produire les résultats escomptés. Ceci pour la simple raison que les causes humaines ne constituent plus la seule source des accidents de la circulation. A l’aspect matériel vient s’ajouter le piteux état des routes. Celles-ci constituent, selon les observateurs, la cause première des accidents en constante augmentation sur l’axe Yaoundé-Bafoussam.

Le voyage sur cet axe, autrefois un objet de plaisir en raison de la végétation naturelle de part et d’autre de la route et du relief pittoresque, a fait place à la peur et à l’anxiété chez les passagers tout au long du voyage. Ceci à cause de la recrudescence des accidents avec perte en vie humaine et des dégâts matériels importants. A peine est-on entré dans 2015 qu’on n’annonce déjà une série d’accidents sur cet axe. Une bonne franche survient durant les week-ends. On enregistre pêle-mêle des tonneaux à la suite des éclatements de roues ou encore des collisions. Du coup, les langues commencent à se délier pour dénoncer les responsables de cette folie meurtrière sur cet axe routier.

Les passagers reconnaissent que partant de Yaoundé pour la ville de Bafia, la chaussée est moins endommagée. Dès l’entame de la région de l’Ouest, c’est-à-dire après la ville de Makenené, c’est un véritable calvaire qui commence pour les chauffeurs. C’est sur cet itinéraire qu’on enregistre un taux élevé d’accidents. On avait pensé que l’hécatombe survenu au mois de juin 2006, qui avait fait 36 morts, allait enfin amener l’Etat à trouver des voies et moyens pour arrêter cette hémorragie. Que non !

Les responsabilités

Sur le banc des accusés, le ministère des Travaux publics. Le département ministériel que dirige Patrice Amba Salla, depuis le 09 décembre 2011, semble avoir tourné le dos aux populations de la région de l’Ouest. Et pourtant, c’est un axe qui brasse beaucoup d’argent au regard du nombre de pesage routiers et de péages qu’on dénombre sur cette route. La grande interrogation à plusieurs inconnues est de savoir à quoi sert cet argent ? Or, la taxe sur l’utilisation des routes est vieille d’une vingtaine d’année. Elle a été instaurée dans le souci d’y recueillir des fonds afin d’aménager les axes routiers du Cameroun. Dès son entrée en vigueur, le péage routier a été géré par un comité interministériel.

Depuis 1995, l’enveloppe des recettes générées prenait du volume pour avoisiner les cinq milliards de FCFA en 2005. Mais cette évolution a été stoppée entre 2007 et 2008. Réuni en conseil de cabinet le 25 juin 2010, les membres du gouvernement ont relevé cette problématique. Mais sur le terrain, rien n’a véritablement changé. Même la mise sur pied du programme de sécurisation des recettes routières, un organe ayant supplanté le comité interministériel, n’y a rien changé. Autre constat amer malgré la multiplicité des stations de péages et l’augmentation considérable du parc automobile au Cameroun, les recettes sont constamment en baisse.

L’axe Yaoundé-Bamenda en passant par Bafoussam connait un trafic de pas moins de 2000 véhicules les weekends. Et cela suppose aussi une rentrée de fonds pour le trésor public. L’argent continue malheureusement de finir sa course dans les poches des cadres du ministère des Travaux publics. Entretemps, des morts se comptent par centaine. Pendant que les gens périssent sur les routes, Patrice Amba Salla navigue de plateaux de télévision aux studios de radio pour tenir des discours politiques visant à polir son image dans le but d’être maintenu au gouvernement.

Que font les élites ?

La région de l’Ouest, depuis l’entrée en scène du Sénat en 2013, a vu l’un de ses dignes fils propulsé au prestigieux et très convoité poste de président du Sénat, donc deuxième personnalité de la République. Les populations avaient vu en ‘’l’élection’’ de Marcel Niat Njifendji la fin d’un long feuilleton macabre qui n’avait que trop duré. Deux ans après, rien n’a changé dans leur quotidien. Bien au contraire, les choses sont allées de mal en pis. La route continue de se dégrader à un rythme supersonique. Les populations tirent le diable par la queue.

Un fait curieux : on se serait attendu après l’arrivée de Niat que les choses bougent dans le bon sens, que non ! C’est le statut quo total. A bord de ses gros bolides, le président du Sénat faufile lui aussi entre les nids de poule lorsqu’il veut se rendre dans son Bangangté natal. S’il n’a pas le courage de poser le problème du piteux état de la route à qui de droit qui donc pourra le faire, se demandent les populations. Autres personnalités sur qui reposaient les espoirs : le secrétaire général du comité central du Rdpc (parti au pouvoir, Ndlr). Dans les milieux politiques, on dit de lui qu’il est la deuxième personnalité du Rdpc.

Jean Kueté comme le président du Sénat est resté inerte face à la dégradation de la chaussée. Un peu comme s’ils s’étaient passés le mot. Les deux personnalités politiques les plus en vue de la région de l’Ouest sont des spectateurs des tueries sur l’axe Yaoundé-Bafoussam. Rien à mettre à leur actif sur le plan d’une quelconque intervention encore moins réalisation pour changer les choses. Vivement que ces élites, comme le formulent les populations, sortent de leur sommeil pour sauver les fils et filles de cette région et ses environs qui perdent vie et véhicules à cause du mauvais état de la route !

© L'Epervier : LCN

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