Congo,LIVRE : LISS KIHINDOU PUBLIE « LA MORSURE DU SOLEIL »
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Congo,Livre : Liss Kihindou Publie « La Morsure Du Soleil »

Enseignante de français dans le département du Loiret en France, l'écrivaine d'origine congolaise Liss Kihindou nous revient avec un recueil de poèmes après la publication en 2013 de son roman « Chêne de bambou ». Attention, une lecture évasive de son nouvel ouvrage laisserait seulement penser, de sa part, à une complainte du genre : « Eli, Eli, lamma sabacthani ? C'est-à-dire : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? ». Non, « La Morsure du Soleil » qu'elle vient de publier ne se résume pas à un torrent de larmes.

Dans une séquence poétique autobiographique, l'écrivaine se confie et livre au lecteur ses émotions et certains faits qui ont traversé sa vie. Ce sont des poèmes pour l’essentiel relatifs à une période donnée. C'est la disparition de ses proches ou celle d'écrivains pour lesquels elle avait de l'estime qui ouvre ce recueil. Sony Labou Tansi, Sylvain Bemba, Augustin Niangouna, Eugene Miakaloua, Romuald Ngouele, Léopold Congo Mbemba reçoivent des hommages par des poèmes où chaque mot a de la peine.  

Face aux larmes de Liss, son ami B. Dady lui adressera un poème consolateur et, semble-t-il, prophétique, qui se termine par : « Les morts armeront ta plume, et féconderont tes rêves ». La poésie de cette critique littéraire n'est pas une prosopopée, c'est elle-même qui parle de la mort, du divorce de ses parents, de l'amour, des affres de la guerre, et de l'espérance.

Dans ses vers, aucune émotion, aucune impression, aucune expression ne peut paraître sans avoir été tamisée par l’œil. Kihindou s'avère être une pure guetteuse de sa vie et de la société : « Dans mes yeux témoins de la mort... Nous serons des chirurgiens, pour guérir la cécité, de ceux qui ne veulent pas voir... Je guette sur ses lèvres... Mon regard implore ta grâce... Je ne veux pas voir ma foi faillir... ». Son cœur joue également un rôle fondamental dans sa marche vers sa destinée.

« Mon cœur était en deuil... Quand mon cœur te découvrit... Il puisa l'amour, et mon cœur se mit à vivre ». Plus loin, en suivant le « cheminement » de l'auteure, on découvre qu'après avoir trouvé l'amour, elle a eu une attente puisque la perfection n'est pas de ce monde, pourrait-on dire. « Sa bouche ne sait pas enfanter la douceur. Mais je l'obtiendrai, fut-ce par césarienne », est-il écrit à la fin du poème « Frissons ».

C'est une poésie fascinante à travers laquelle elle prône l'émancipation de la femme qui doit laisser parler son cœur. Elle s'érige contre le machisme allant même jusqu'à rejeter un conseil maternel lui indiquant jadis la voie du salut féminin : « Le lit, la table, voilà ce qui rend un homme heureux ! Je sais ce que je dis, je suis ta mère ! ». 

Les coups reçus de la vie n'ont pas permis au soleil de brûler Liss et de faire d'elle une défaitiste grâce à la poésie et surtout sa foi en Dieu en qui elle place sa confiance étant du nombre des gens de la maison de Dieu. Avec ce cinquième livre qui se termine par le poème « Espérance », Liss Kihindou qui a collaboré en 2014 à l'ouvrage collectif « Sous mes paupières », signe un recueil de poèmes qui n'est ni le mal, ni le bien, mais bien plus encore, c'est-à-dire une espérance irréversible. 

Franck  CANA

« La Morsure du Soleil », de Liss Kihindou, poésie, éditions L'Harmattan, 78 pages, 11,50 euros.

Source : Magazine « Mito Revista Cultural » n°17 de janvier 2015.

© Correspondance : Franck CANA

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